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Mardi 13 février 2 13 /02 /Fév 02:22

De la conscience des autres à l'inconscience de soi


Plus les années passent, plus, comme disait un poète Portugais dont j'ai oublié le nom : " plus j'ai le goût de l'intranquilité ".
Un ami, pseudo-philosophe, m'a défini un jour comme un naufragé de mes désastres intérieurs. La prise de conscience, des paradoxes et ambiguïtés de ce monde, m'a mené à une farouche volonté de sombrer dans l'inconscience et dans l'oubli, des autres principalement, mais aussi de moi-même. De cette douce folie, procurée par l'oubli de soi et le déni des autres, j'ai tiré maintenant ma raison d'être.

Pourtant, je veux bien perdre ma santé mentale pour juste un éclair de clairvoyance. Aux grandes questions de ce monde, " Qui sommes-nous ? Où allons nous ? Quel est le sens de notre misérable existence ? ", celle-ci a-t-elle d'ailleurs un quelconque sens ? J'ai cessé, depuis longtemps maintenant, de chercher des réponses.

Notre seule utilité, à long terme, est de retourner nourrir la terre qui nous a portés. Dans le très cour laps de temps où nous avons un semblant de conscience individuelle, certains cherchent dans la religion et la spiritualité, au sens le plus large, une réponse et une raison d'être à leur existence. D'autres se jettent à corps perdu dans leur travail, certains encore consacrent leur vie au bien-être et à la sécurité de leur famille.
Moi qui suis complètement non croyant en toute forme d'entité divine, je ne peux trouver aucun réconfort à mes doutes et mes angoisses, dans un quelconque dogme religieux.
La seule idée du divin, qui m'ait un jour interpellé, je l'ai lu à travers une nouvelle écrite par un ami, apprenti écrivain, elle s'intitule le " Créateur ", c'est très bien écrit et le message nous ramène à l'infinie petitesse de nos existences :

Je ne crois ni en l'existence d'une entité divine, ni en une entité démoniaque. L'homme a mis, dans la représentation de dieu, tout ce qui est du domaine du bien : compassion, loyauté, don de soi, bonté, sagesse, amour, amitié, sympathie, empathie… Et, dans l'image du diable, tout de qu'il a de mal : haine, guerre, meurtre, jalousie, envie, désir de posséder les biens de l'autre, désir de lui prendre sa femme, de violer sa fille…
En chacun de nous, il existe une parcelle de divin et une part souvent plus grande de satanisme. Je ne crois donc pas en une entité divine indivisible, mais je pressens que nous faisons partie d'un tout, au même titre que les animaux, la terre, la nature et toutes les formes de vie de cette planète et de l'infiniment grand. Nous ne sommes qu'une minuscule poussière de ce tout, sur une planète qui n'est, elle-même, que le milliardième du milliardième du cosmos. C'est dans cette appartenance à un tout et à un moi collectif que se trouve dieu. En refusant cela, nous refusons notre minuscule part de divin et nous recherchons dans les dogmes et le monothéisme une excuse et une compensation à notre attirance naturelle pour le chaos. Nous omettons alors de reconnaître que la vie est née de ce chaos cosmique. Le bien et le mal sont indissociables de la vie, de l'humanité et de nous-même.

Le travail est pour moi le plus fastidieux mais incontournable moyen pour subvenir à mes besoins fondamentaux, mais il n'est rien d'autre que cela.
J'aimerais avoir le courage d'être un grand gangster, plutôt Spagiarri que Mesrine, mais je ne l'ai pas. Ou bien être un écrivain solitaire, dont les textes, à l'érotisme aussi torride qu'impertinent, subiraient la vindicte des masses scandalisées, mais le respect de quelques esprits libres.
Subir quotidiennement l'enculage patronal ne m'incite à aucune ambition carriériste. De plus, je trouve au mot ambitieux un caractère trop solitaire, l'ambition, c'est d'abord la volonté de réussir pour soi, mais le plus souvent au détriment et en écrasant les autres.
Je ne suis pas un battant, dans ce monde qui glorifie et limite la réussite personnelle, à la réussite professionnelle.

À l'adolescence, je voulais rentrer dans la marine marchande, m'imaginant voguant à travers le monde, sans attaches et toujours prêt à jeter les amarres pour fuir les réalités de ce monde. Je fantasmais autour de l'idée d'avoir une femme dans chaque port…, ou plus exactement une pute dans chaque port, multipliant les plaisirs sans contrainte. Si on y réfléchit bien, une prostituée vous donne relativement beaucoup pour presque rien. Je regrette de n'avoir pas connu le temps des maisons closes, ou de belles jeunes filles, à l'hygiène surveillée, se donnaient sans retenue aux fantasmes de leur client. Ce devrait être un métier reconnu d'utilité publique, qui aurait une certaine " beauté " et exige le sens du don de soi…, S'il n'y avait une multitude de porcs dans chaque pute.

J'ai longtemps traîné dans un bastringue pourri qui fermait à l'aube, où les prostituées du quartier aimaient à venir se réchauffer autour d'un verre, les trop longs soirs d'hiver, lorsque le client frileux reste chez lui, la main autour du sexe, les yeux rivés sur l'écran du téléviseur qui diffuse le porno du samedi soir, sur Anal +.
À force d'y venir, je faisais un peu parti du paysage, les filles et les travelos ont fini par m'accepter et me parler avec confiance.
Certains et certaines m'ont confié leurs itinéraires peu communs, notamment un jeune travesti d'origine africaine, qui, après chaque nuit de dur labeur venait s'y saouler à mort. Il m'arrivait de l'accompagner dans sa descente vers l'oubli, pour lui monter combien j'étais solidaire de la détresse humaine.
Ses discussions m'ont confirmé, si besoin était, combien la vie n'est pas un long fleuve tranquille et ne suit pas une autoroute vers le bonheur, mais sinue sur des sentiers chaotiques et autres ornières aux parcours difficiles, remplis de repères manqués.
Cependant, il est de certaines prises de positions que le manque de repères n'explique et surtout n'excuse pas. La haine raciale m'est insupportable, je ne juge pas l'individu sur sa couleur de peau et ses origines mais sur ses paroles et encore plus sur ses actes. On peut être un jeune travelo noir, d'une vingtaine d'années, et être à la recherche de l'absolu tel le Petit Prince de Saint-Exupéry, perdu dans un monde nébuleux et incompréhensible pour un jeune esthète qui recherche désespérément sa voie. Je trouve, de fait, au Petit Prince un côté très androgyne.

Romain Gary disait, " Le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme, c'est la haine des autres ". Il était arrivé à plusieurs reprises à mon jeune travelo, avide de confidences, de se faire passer à tabac par des jeunes cons du G.U.G, un syndicat étudiant d'extrême-droite, très présent d'ailleurs dans les Facultés de Droit, bien plus que dans les facs de Lettre, historiquement de culture politique gauchisante.
Je me souviens d'un trac collé dans les ruelles de la vielle ville, représentant le dessin d'une femme nue, blanche et gironde, dans les bras d'un noir, dont le texte était le suivant :

" Aimer les étrangers, c'est un vice de bourgeois ".

Ce que j'aimerais tenir entre mes mains l'auteur de ce petit laïus xénophobe, je l'enfermerais dans ma cave et j'inviterais toutes mes connaissances de couleurs à venir le fourrer par tous les trous et à l'étouffer de leur queue puissante et de leur sperme … Jusqu'à ce que mort sans suive. Ce serait de toute évidence de bonne guerre, bien que je doute qu'aucune guerre ne fût et ne sera jamais bonne.

Il m'arrive souvent de partir intérieurement dans de tels flagrants délires. Auparavant, j'étais un hystérique de l'action, mal à l'aise, voire angoissé par l'inactivité. Maintenant, je m'oblige à l'arrêt et à la réflexion. Le silence et l'obscurité, derrière mes paupières closes, sont comme une discipline, une parenthèse dans le tumulte de notre société. Je m'y astreins de plus en plus souvent, ce qui est rendu plus facile par les quantités d'alcools que j'ingurgite lors de mes virées nocturnes. On se moque souvent des discours d'alcooliques et autres brèves de comptoirs, mais j'ai entendu dans ces lieux de " débauches ", bien plus de vérités, pas toujours bonnes à entendre, qu'il ne s'en véhicule chaque jour à travers la multitude d'émissions débiles qui passent les soirs et les journées à la télévision.
Je vous invite tous, vous qui restez scotchés des heures durant devant vos téléviseurs, à sortir le soir et la nuit, à la rencontre des âmes perdues, ce sont eux qui vous apprendront l'essentiel, à savoir que la vie est une jungle, vous êtes les moutons et les " puissants " sont vos prédateurs. Ils en veulent à votre âme, c'est-à-dire à votre argent et épisodiquement à vos bulletins de votes.
Les politiciens de tous poils et de toutes tendances idéologiquement confondues, n'ont absolument aucune influence réelle sur notre vie quotidienne, nous la construisons nous-même et la remplissons de nos espérances et de nos craintes.

Nous, les damnés, l'avons compris depuis longtemps et en cela, nous sommes bien plus lucides que les masses électorales.
Cette conscience de notre solitude absolue, dans un monde où le pouvoir corrompt aussi sûrement tous ceux qui le détiennent, que je sais qui est ma mère, fait de nous des auto-exclus de l'hypocrisie démocratique. Nous ne sommes pas exclus, parce que nous n'avons, pour certains, ni travail, ni un toit dont nous sommes l'heureux propriétaire (la possession de bien matériels ne rend personne suffisamment heureux et au contraire ne sert le plus souvent que de compensatoire à nos désillusions), … Ni famille pour d'autres.
Non ! n'en déplaise à ces Messieurs moralistes qui pondent des lois aussi aiguisées que le fil de la lame d'une guillotine, et ne font volontairement aucun effort pour diminuer la misère, mais au contraire fournissent d'intenses efforts pour la dissimuler, … Non, nous n'attendons rien de vous, comme vous n'attendez rien de nous, sinon notre accord tacite, par l'abus que vous faites de notre bénédiction électorale, de vous laisser poursuivre tranquillement vos petites manigances.
Nous, les soi-disant marginaux, nous jetons à votre face, que vous n'êtes que des moutons que l'on tond quotidiennement, des brebis bien grasses et juteuses, que les loups peuvent alors tranquillement déguster. Les travailleurs génèrent, par leur labeur quotidien, une masse colossale d'argent, la majeure partie de cette phénoménale richesse est partagée entre un nombre infime d'individus, la quasi-totalité des humains ne reçoit que des miettes.
Pour ma part, je suis complètement solidaire et admiratif de ceux-là que l'on nomme les laissés-pour-compte et qui ont eu le véritable courage de dire :

" Non merci, nous ne nous battrons pas pour quelques minuscules miettes du gâteau, bouffez-le et puissiez-vous crever en étouffant, victimes de votre insatiable boulimie ".

La misère et l'exploitation sont des éléments indispensables et indissociables du système économique tel qu'il est conçu, les politiciens la savent bien et s'en réjouissent, car, sans misérabilité, son opposé n'existerait pas non plus.
Et encore, nous, inconscients que nous sommes de notre privilège d'être nés derrière des frontières quasi hermétiquement protégées, nous n'avons pas conscience des habitants d'un tiers-monde, qui, par son propre nom les renvois dans un autre monde, qui n'est pas celui que nous connaissons et jalousement défendons.
Chacun d'entre nous, consommons durant notre vie, autant de nourriture qu'il en faut pour sauver des milliers de crèves la faim, lâchement abandonnés et maintenus, eux aussi, dans la même logique, dans l'indifférence générale, dans un triste sort.
Et l'on s'étonne qu'il ne leur reste d'autre solution que de se massacrer entre tribus pour s'emparer de ce qui n'existe plus, … L'espoir d'une vie meilleure.

Certains fuient leur bidonville et, comme mon beau travelo couleur d'ébène, finissent dans les plus bas et les plus noirs quartiers, de nos métropoles, gigantesques machines à broyer la chair humaine.

Il me fit un soir ce commentaire :

" La plupart du temps, je vais mal et je me fais l'effet d'une grosse merde. Quand je vais un peu mieux, je me prends alors seulement pour du papier-cul et j'essuie toutes les merdes de ce monde. Je permets ainsi à mes clients de dévider leurs immondices en moi ! ".


En ce qui me concerne, c'est dans le sexe que je recherche un peu de bonheur, dans un plaisir, certes fugace, mais parfois et seulement parfois, véritablement intense.

J'aimerais avoir le courage de faire l'amour avec lui, simplement pour un instant de plaisir partagé, il ne nous nous reste que cela qui nous appartienne encore et dont l'on ne peut nous déposséder.
Mais, à moi aussi comme à tout autre, il m'arrive d'avoir des instants de lâcheté et notamment envers moi-même.

Je me fais souvent la réflexion que le fameux " connais-toi, toi-même " Socratien, rend bien plus malheureux que l'insouciante immersion dans la normalité.

Mon choix est irrévocable, je n'entrerai jamais dans le rang des Normaucrates !

 Jean Luc FERRY

 

 

 

Par Lionel - Publié dans : Textes: Récits, poèmes ...
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